La Courgette et la ratatouille
Atelier d’écriture de Julien Marcland au Collège Simone Veil de Neuillé Pont Pierre
Mis en image par Philippe Dinhut.
Sur Youtube
https://youtu.be/e91ga13yW2c
Sonnet logorallye de JLM
Ecrit lors de l’atelier du 12 10 2019
C’est fini, ma Chérie ! Pas de contre-assurance !
Peut-être ai-je tout inventé, ma Luciole !
Je ne suis pas aigri, baignant dans le dulciol,
Mais…je ne rêve plus d’un jubilé trop rance !
Pour étouffer la minute finale et folle
De nos amours, nous nous confiâmes aux neurosciences.
En septembre, octobre, ce fut la résilience
Goûtant la passerage, en pleine gaudriole.
Oh ! Qu’est-ce que tu as ? Notre amour s’est rassis !
Déchirons la photo de nos deux ramassis !
« Ce n’était pas si bien » serine la sourate !
Toute union mécontente aussi les turdidés !
Malgré la yaourtière les yaourts se ratent !
Arrêter convient mieux à l’incarnat ridé !
Collège Montaigne Les 5ème A et Julien Marcland Octobre 2019
Eden
Passager de mon esprit
Avec des souvenirs plein la tête
Et des images qui reviennent sans cesse
Il y avait des paysages magnifiques
Et un bateau qui navigue
Et le bruit des vagues
Sur la plage Les coquillages brillaient au soleil
Il y avait des crabes et des étoiles de mer
Et un feu d’artifice splendide au bord de l’eau il y avait toutes sortes de souvenirs merveilleux que je n’oublierai jamais. __________________________________
Nicolas
Passager du temps et de la maitrise de la pierre de lune du temps
Avec un portrait magique
Et un voyageur du temps
Il y avait son frère disparu dans le temps
Et un livre du portrait magique
Et une horloge à remonter le temps
Sur le nuage de glace
Les fruits du démon était la clé du portrait
Il y avait un lion qui était sur le nuage
Et un livre d’horloge gardé par le lion
Il y avait un passage dans la montagne, dans le cristal de la montagne était emprisonné son frère, dans la lune du temps ___________________________________________________________
Anaïs
Passager du temps
Avec un chronographe
Et une boite mystérieuse
Il y avait une personne,
ton amie Et un corbeau
Et une mallette
Sur le grimoire
Les écritures dansaient
Il y avait des pots de fleurs
Et un professionnel de magie noire
Il y avait des hommes et des femmes bizarres sur le quai
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Mathéo
Passager du paradis et des enfers
Avec un crime à commettre
Et un mort à ressusciter
Il y avait du feu rouge plein de haine
Et un ciel bleu de beauté
Et au milieu
Sur le passage des mondes
Les juges de mort
Il y avait la joie et de l’autre côté la tristesse
Et un monde non connu d’où personne n’est jamais revenu
Il y avait ici toutes les créatures imaginables et imaginaires loin de notre terre natale, la vie qui reprend forme sous le soleil brûlant et l’obscurité absolue.
C’était un monde plein de rêve et d’ennui où régnait la peur et l’envie.
Et loin de tout cela, nous, simples vivants qui pensons être au monde loin de la mort, où l’on pense que la vie est éternelle et heureuse mais courte, la vie est une fête loin du paradis et des enfers.
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Lucas
Passager du bateau de croisière
Avec un ami
Et un inconnu
Il y avait une piscine
Et un jacuzzi
Et un jet-ski
Sur le rivage
Les gens se baignaient dans l’eau
Il y avait des requins
Et un orque
Il y avait les requins et un orque qui dévoraient tout le monde
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Gaël
Je relace enfin mes très blanches chaussures
Et monte dans mon avion plein de griffures
Puis je prends mes cartes dans la petite sacoche de mon sac
Quelque chose sonne, c’était Marc au téléphone
Attention il y a de gros extraterrestres et mon chihuahua est en grande détresse !
Dans les archives il y a des vallées infinies
Léane
Tout le monde porte des chaussures.
Mais tout le monde ne sait pas jouer aux cartes.
Dans l’avion tout le monde s’ennuie.
Une personne dit alors « Vous êtes prêts à atterrir pour voir les chihuahuas ? »
D’un coup, tout le monde commence à être impatient d’atterrir.
Quand l’avion atterrit, ils sortent tous leur téléphone et prennent des photos.
Les chihuahuas étaient déguisés en extraterrestres.
Depuis, les archives parlent toutes des chihuahuas déguisés en extraterrestres.
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Malaury
Un jour, un passager, qui avait de belles chaussures,
Regardait une carte pour voir où il partirait après qu’il soit arrivé à destination.
Car, oui, en effet, il était dans un avion avec son chien.
Il avait un chihuahua dont il s’occupait bien.
Le passager posa sa carte et prit son téléphone tout apaisé.
Mais … le pilote perdit le contrôle, le passager regarda le ciel pour une dernière fois.
L’avion se cracha, … plus personne n’entendit parler de cet avion.
Des années plus tard, on trouva des archives à propos de cela :
Un extraterrestre serait passé devant l’avion.
Ce sont à présent, les dernières informations
Qu’il nous reste de ce jour.
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Cassie
Sous les chaussures des voyageurs,
Une vieille carte postale oubliée voyage de siège en siège dans l’avion à destination de l’Australie.
Puis un chihuahua avec un téléphone, a envoyé un mot à un extraterrestre.
Il dit à son ami les archives célestes.
Quand les écrits des
6e B du Collège Simone Veil de Neuillé Pont Pierre, encadrés par Julien Marcland inspirent Philippe Dinhut…
Atelier d’écriture Collège Montaigne Tours
TEXTE A COMPLETER + MISE EN VOIX
Avant de naître il y a du silence / la préparation de la chambre
Les bébés crient / ont une couche
Les enfants réclament / vont à l’école
Les ados disent « wesh » / écoutent du rap
Les jeunes adultes bougent tout le temps / s’occupent de leurs enfants
Les adultes font à manger / font les fournitures scolaires
Les vieux ont une canne / nous accueillent chez eux
Les morts font peur / sont dans des cercueils
Lylou R
Avant de naître il y a l’obscurité totale
Les bébés marchent à quatre pattes / font des bêtises
Les enfants jouent à faire n’importe quoi / vont à l’école
Les ados sont 22h sur 24 sur leur téléphone / passent le Baccalauréat
Les vieux ont des problèmes de santé / ont deux ou trois cheveux
Liam D
Avant de naître il y a le noir / le cœur qui bat
Les bébés pleurent / jouent toute la journée
Les enfants ricanent / grignotent
Les ados sont accros à la console
Les jeunes adultes écrivent / commencent à être adultes
Les adultes commandent / travaillent
Les vieux aiment leurs petits enfants / ont une canne
Les morts dorment / ne vivent pas
Elsa S
Avant de naître il y a de la lumière et de la fraîcheur
Les bébés s’amusent / jouent
Les enfants écrivent / apprennent
Les adolescents regardent la télé / jouent
Les jeunes adultes apprennent / travaillent
Les adultes aident / protègent
Les vieux regardent la télévision / lisent
Les morts sont morts
Mohamad W
Avant de naître il y a le noir complet
Les bébés qui pleurent, rien ne peut les faire rire / dorment beaucoup, on ne peut pas jouer
Les enfants ne veulent pas faire leurs devoirs
Les ados n’écoutent pas leurs parents
Les jeunes adultes sortent en amoureux
Les adultes s’occupent de leurs papiers de bureau
Aïnhoa B
Avant de naître il y a le bébé dans le ventre / l’attente
Les bébés boivent le bibi / rampent
Les enfants rigolent / s’amusent
Les ados jouent tout le temps à la console / passent leur temps sur leur téléphone
Les jeunes adultes vont en boite de nuit / sont bizarres
Les adultes n’ont pas d’humour
Les vieux ont de la barde du père Noël
Les morts, on les oublie
Ugo G
Avant de naître il y a les ténèbres / l’âme
Les bébés font des gestes / crient
Les enfants jouent / regardent
Les vieux ont les cheveux blancs / marchent lentement
Mohamad A
Avant de naître il y a le silence / le noir
Les bébés pleurent tout le temps / apprennent à parler
Les enfants jouent / mangent des bonbons
Les ados sont beaucoup sur leur portable / jouent aux jeux vidéos
Les jeunes adultes passent leur permis / cherchent un logement
Les adultes travaillent / sont autoritaires
Les vieux sont à la retraite / ne font rien
Les morts sont morts/ ne sont plus là
Avant de naître il y a le noir / il n’y a pas de poire
Les bébés ont les yeux ouverts / ne voient pas tout vert
Les enfants sont excités / aiment rigoler
Les ados sont un peu flemmards / aiment se coucher tard
Les adultes sont gérants / aiment quand tout est en rang
Les vieux sont des champignons / sont toujours un peu gronchons
Les morts sont des zombies / ne font pas pipi
Marlène D
Avant de naître il y a le silence total / une future vie banale
Les bébés sont sourds et aveugles / sont de futurs aïeux
Les enfants développent leurs idées / sont d’anciens nouveaux nés
Les ados commencent à comprendre / n’ont pas la vie tendre
Les adultes sont grands maintenant / ne sont plus des enfants
Les vieux sont des savants à présent / sont croulants malheureusement
Les morts sont présents tout le temps / les morts sont nos futurs enfants
Marius F
Avant de naître il y a le calme / le silence
Les bébés entendent nos rires / sont le centre de l’attention
Les enfants jouent à cache-cache / sont amusants
Les ados sont idiots / sont lents
Les jeunes adultes n’ont pas d’argent / travaillent à Auchan
Les adultes ont de l’autorité / sont injustes
Les vieux sont mignons / sont affectifs
Les mots recommencent une vie au ciel / provoquent la tristesse
Lola C
Avant de naître il y a le noir
Les bébés tètent / pleurent tout le temps
Les enfants jouent à la console
Les ados sont sur leur écran
Les jeunes adultes se croient plus grands
Les adultes s’occupent de leurs enfants
Les vieux regardent la télé / sont sourds
Les morts sont dans le cercueil
Mathis
Avant de naître il y a le noir total / l’inexistence
Les bébés sont petits / sont les plus jeunes du monde pendant une seconde
Les enfants sont capricieux / sont mignons
Les ados sont rebelles / sont presque matures
Les jeunes adultes font la fête / sont sympathiques
Les adultes sont stricts / travaillent beaucoup
Les vieux sont faibles / sont généreux
Les morts sont de nouveau dans le noir total / sont au ciel
Jade M
Avant de naître il y a les bébés qui sont dans le ventre de la maman / c’est sombre
Les enfants essayent de faire comme les grands
Les ados ne lâchent pas leur console
Les jeunes adultes vont en boite de nuit / mangent devant la télé
Les vieux ont les cheveux blancs / font des mots croisés
Les morts sont enterrés dans le cercueil / sont seuls
Mao S
Les bébés pleurent beaucoup / mangent beaucoup
Les enfants font pipi au lit / ont tout le temps peur
Les ados sont énervants parce qu’ils croient que ce sont eux qui décident / ont tout ce qu’ils veulent
Les jeunes adultes font la fête / sont sur leur téléphone
Les adultes sont trop stricts / sont parfois méchants
Les vieux sont vieux / ont les cheveux blancs
Avant de naître il y a l’obscurité totale
Les bébés boivent leur biberon / n’arrêtent pas de pleurer
Les enfants font du sport / mangent beaucoup
Les ados sont sur leur téléphone / font la crise d’ados
Les jeunes adultes font la fête
Les adultes ont un enfant
Les vieux ont les cheveux blancs
Les morts sont dans le cercueil
Kylian B
Avant de naître il y a le noir / les bruits
Les bébés mangent / dorment
Les enfants ne pensent qu’à jouer / font des caprices
Les ados sont turbulents / sont sur leur portable
Les adultes sont autoritaires / sont fatigués
Les vieux restent sur le canapé / aiment leur petits enfants
Les morts ne souffrent plus / souffrent
Avant de naître il y a un bébé dans le ventre
Les bébés ne savent pas marcher
Les enfants jouent beaucoup aux jeux vidéos
Les ados jouent beaucoup dehors
Les jeunes adultes se croient très…
Les adultes ont une maison ou un appartement
Les vieux partagent tout avec leurs proches
Les morts sont dans le paradis
Nolhan C
Avant de naître il y a rien / le vide
Les bébés rigolent pour rien / pleurent pour rien
Les enfant vont à l’école / jouent avec leur ami
Les ados répondent / font des écrans
Les jeunes adultes apprennent à conduire / boivent trop
Les adultes travaillent / démissionnent
Les vieux font la sieste
Les morts dorment / ne font rien
Eva M
Avant de naître il y a le noir / le soir
Les bébés pleurent / mangent
Les enfants jouent / se reposent
Les ados sont sur leur téléphone / sont avec leurs amis
Les jeunes adultes font des études / conduisent
Les adultes s’occupent de leurs enfants / sont sérieux
Les vieux lisent / jardinent
Les mort reposent en paix / sont dans leur tombe
Jade G
Avant de naître il a y a le silence / le noir
Les bébés traînent / sont muets
Les enfants lisent / chantent
Les ados sont sur leur téléphone / ne parlent pas
Les jeunes adultes boivent souvent de l’alcool / rient beaucoup
Les adultes sont rabat-joie / sont toujours occupés
Les vieux ont mal au dos / sont fatigués
Les morts sont au paradis / nous surveillent
Adrien
TAUTOGRAMMES
C = Ce centenaire capricieux convoite cette charmante carotte cuite car ça correspond cordialement comme ces cheveux couleur châtain clair cachant cette couleur concombre corrompu car ce centenaire cache ce côté cannibale. (Marius F)
E= En Egypte Estéban et Estelle escaladent l’escalier extrême. L’esclave s’échappe d’Espagne en éléphant. Etienne éteint l’électricité en Ethiopie. (Mao S et Ugo G)
L= Les licornes liquident la limonade, les licornes lorgnent le lustre. La libellule luxueuse love les lardons (Jade G et Mathis M)
L= Lucie lit le livre « La literie ». Laura lave la laine lourde. Lucie lâche le livre lamentable, la leçon légère. Louis lance : « le lièvre lèche le lait ! » (Elsa S et Marlène D)
E= Education ensoleillée : Elsa est émerveillée et étourdie. En Espagne, elle écrit. Elle est enthousiaste. (Eva M et Aïnhoa B)
A= A Amboise Anatole, absorbé, accompagne Ambre. (Lylou R)
C= Colin c’est comme ce comédien, combien courent ? (Jade M)
O= Olivier ouvrir opération olympique. Ouvre, ovni ! Oublie olive, outil, ours…Ordonne oiseau. (Nawar H et Mohamad A)
L= Lucie lit les livres louches. Les loups lâchent les larves La lune lit les leçons, le piège. (Mohamad A)
D= Démarrons ! Dès dimanche des dégâts dégénèrent. Damien désherbe dangereusement des dégâts. (Mohamad W)
L/E= L’écureuil Lulu est libre et luisible. Éléphant Larousse est levé et lavé. Eric lui essore les échalotes. (Maïlie Jee et Louisa B)
A/L= Antoine lira à l’école avec Lilian « Au lit ». A Lyon Adrien lisait « l’arbre liseur ». Au Luxembourg, Antoinette lit « Aïnhoa lave ». (Adrien L)
G/L= Guillaume le grand lézard grandit librement, gobe la grenouille. Le gorille lèche Guillaume le grand lézard. (Kylian B)
E/A= Elena a été adoptée en Amérique, en Arizona. Elle a extrêmement appris l’espagnol à l’école. Elle a été admise en apprentissage. (Lola C et Jade M)
BEAUX PRESENTS
Marius Fernandes = Ma rue danse, fanfares de Ferdinand, se rie des femmes danseuses dedans. Mais dans ma rue, Marius ruse sans rien dire à Ferdinand. Marius se rend en Russie sans maman. (Marius F)
Justin Sanchez = Tu as un chien jaune et une niche. J’ai acheté un jus, toi tu as acheté un chien et une niche. Je suis en Chine juste un an. Zut, c’est cassé ! (Mao S)
Véronique Chabasseur = Eva a vu un rhinocéros rouquin sur un coin rose. Ce rhinocéros rouquin a vu un chien sous sa niche.
Victoire Marroki = Victoire était à Rio, KO, assise sur le tatami. (Jade M)
Jade Guinut = Le gitan joue (Jade G)
Ugo Ginfray = Un frigo fou griffa un giron fou à Rio. Un cri aigu. Un frigo noua un foin fou. Un frigo noir gagna un giron fou. Fin. (Ugo G)
Auguste Breton = Une star orange rage en tournant. (Kylian B)
Joséphine Carru-Houel = Laura crie sous la lune. Elle cherche le ciel. (Lola C)
Maïlie Jee Zuamba Zola et Louisa Benharrat = J’ai aimé jouer le mal mais arrêté. Mes amis eux ont été normaux mais moi je n’étais jamais normale. Les années passent et je suis zen. Ma mère est morte tristement. Je reste seul. Je suis triste. (Maïlie Jee et Louisa)
MONOVOCALISME
Je rentre de chez Hélène. Le vent se lève et je m’élève. Les vents m’enlèvent ! Est-ce que je rêve ? Vers chez Herbert, des mères et leurs bébés pleurent. (Marlène D)
Baalard alla dans la valla par achatar das chaussares da la marqua Naka. Paas al ara dans la campagna var san tantan qua habatara à la farma. At al ratarna chaz laa al joua à la Swatch. (Adrien L) ??????
Textes créés en atelier d’écriture proposé par Julien Marcland
à la Maison des écritures de Neuvy-le-Roi (37)
DIMANCHE
« Chaque regard porté sur le paysage intègre les traces de l’existence passée. Nous voyons bien plus que ce que le réel nous donne. » Raymond Bozier
Le jour de la fenêtre
Pourquoi mon oeil se pose t-il d’abord sur l’ovale de la poignée de la fenêtre ?
Ma main peut encore le sentir dans sa paume.
Ça lui fait mal, un peu, parfois ça coince à l’ouverture.
La fenêtre est en bois dessous. Dessus, une peinture blanc cassé, un peu sale, une écaille peut-être en bas. Le mastic a disparu par endroit le long des 6 vitres carrées. La vitre ondule dans sa matière épaisse.
Le jour dont je vous parle n’a pas de pluie. Les jours de pluie prendraient trop la vedette à la fenêtre, le mouvement des gouttes, une trajectoire, des croisements, un paysage en soi. Ce jour là est juste gris, c’est le jour de la fenêtre, juste de la fenêtre, pas de la pluie.
Derrière, deux volets métalliques encadrent, cernent et appellent la fermeture, le noir, le sombre, la mélancolie.
Ce jour de la fenêtre est un jour, pas une nuit, ça serait une autre histoire.
Juste derrière la fenêtre un rebord en fer forgé avec quelques simples volutes.
Ce jour là, pas de nid de merle, ni leurs œufs en gestation.
Ce jour là est juste gris, juste le jour de la fenêtre, pas celui du nid.
Derrière, en bas – pour voir on doit se pencher- une cour en béton entoure un tas de sable au milieu de quelques plates-bandes dont le nom dit déjà tout.
La cour est prisonnière de trois murs, le 4e c’est la maison, celle de la fenêtre.
Sur un de ces murs à droite, un grillage parcouru d’un églantier.
L’églantier donne des roses sauvages, les seules que j’aime, les autres sont trop sophistiquées.
Des fleurs d’églantier dans un univers gris, carré, enfermé.
Des fleurs d’églantier de haies, de landes et d’espace infini.
Derrière le mur du fond, celui qui fait face à la fenêtre, une autre cour bétonnée, une autre maison en meulière, un peu jumelle. Fausse jumelle en fait, car elles sont différentes un peu seulement.
En face, une autre fenêtre au rebord de fer forgé torsadé, d’autres volets écaillés repliés. Une autre structure en bois peint un peu écaillé en bas peut-être.
Une autre poignée tenue par les paumes d’Eugène, de Camille, de Fernand, de Marie-Léonarde et des autres.
Une poignée qui leur a fait peut-être mal au creux des mains lorsque ça coinçait à l’ouverture.
Marie Remande
La chute
C’est ainsi que sa mémoire s’est arrêtée.
A cet engrenage désespéré d’événements, pas de contre-assurance, pas de contrefaçon, ni même de contre-allée.
Et pourtant IL était toujours contre. Une sorte de posture.
Le Dulcitol est arrivé après, lui servant de drogue dure pour tenter de retrouver la raison, de retrouver la mémoire perdue d’avant le Jubilé, le jour où tout a basculé.
Le jour où il entendit le bruit d’une chute, IL fêtait ses 50 ans de noces. IL avait tout organisé avec ELLE. C’était ELLE qui avait voulu cette fête. ELLE dominait. LUI était plutôt contre, mais il n’arrivait pas à lui refuser quoi que ce soit.
La foule autour les entourait. La foule, parlait, chantait, buvait.
Il se disait que cela faisait quand même beaucoup de gens, beaucoup de chaleur, il y croyait à peine, presque à se réjouir.
Le plus fort pour LUI avait été le discours élogieux de son professeur de neurosciences devant tous leurs amis.
Par contre la présence de ce soi-disant ami de sa femme, qu’il trouvait bien trop ami, l’avait mis dans une colère puissante.
Aucun Passerage n’aurait pu le calmer à ce moment de la soirée, pas même la sonnerie oubliée d’un réveil. La rage était comme rassie à force de rugir en lui.
La foule autour d’eux bruissait. IL ne percevait qu’une rumeur. Son cerveau ressemblait à une yaourtière. Une sourate lui revenait en boucle, en mantra : « La nuit survint aussitôt que le soleil s’est couché. ».
Un vol de turdidés froissa l’air devenu plus sombre.
IL entendit alors le bruit de la chute, un bruit sec, sourd, lourd, qui interrompit soudain toutes les conversations.
Même le vent cessa.
IL se rapprocha de l’endroit d’où s’était élevé le bruit. IL la vit alors, ELLE, ou plutôt il ne vit que la flaque incarnat autour d’ELLE.
Sa mémoire s’arrête là.
Le jour de leur Jubilé et de la chute.
« Je ne comprends rien à ma folie », furent ses premiers mots lorsqu’IL se présenta au Docteur No.
Marie Remande
Fenêtre sur cour
La petite table en bois de Pépé qui est maintenant au bord de la mer et qu’avec ma sœur aînée on a réhabilitée l’été dernier – arrachée au grenier où les enfants avaient cru bon de l’ « échouer »- , est placée sous la fenêtre, la seule fenêtre de la grande pièce, unique pièce de vie des grands-parents. A droite, la cuisinière à bois et son panier à bois , la cheminée, le lit des grands-parents, du côté opposé à la fenêtre, la porte, donnant sur la petite pièce froide contiguë, puis l’armoire normande contenant son chocolat Meunier et sa boîte à sucre, la porte de la chambre des visiteurs, et le buffet sur lequel je croyais voir dessinée la bergère de La Bergère et le Ramoneur et le méchant Généralenchef jambedebouc du conte.
Cette seule fenêtre, cadre restreint (elle n’était pas grande), donnait sur la cour intérieure de l’autre ferme, celle de l’arrière- grand-père , sourcier. Je l’aimais, la nuit venue, avec ses mystères, et, au matin clairet, quand ma grand-mère, observant son père qui se disait les jambes fatiguées, s’exclamait :
- Eh bien ! Pour aller rendre visite à la Hélène, il galope !
Il galopait en effet, l’idylle avec la mère Bothier, la voisine, qui n’en était pas à son premier conjoint, nous était connue, les quatre-vingt dix ans passés des deux aïeuls ne les effrayaient pas, ils passaient, semblait-il, l’un près de l’autre d’heureux moments.
La fenêtre était un rectangle de petite dimension, Mémé en ouvrait les volets, de l’extérieur, le matin. A sa gauche était suspendu la petite éphéméride dont on prenait plaisir à arracher la feuille du jour et appréciait le dessin et son anecdote humoristique – de là peut-être aujourd’hui encore mon goût pour le trait d’humour-, j’aimais le moment de découverte du Saint du jour et de sa vignette.
- C’est la Sainte Hélène ! Voilà pourquoi il galope, il est pressé de la lui fêter, renchérissait Mémé non sans quelque ironie ou amertume. Ils étaient fâchés, l’aïeul, redoutable, était sans pitié pour sa fille et son gendre.
La fenêtre donc, avait son calendrier, et une ampoule électrique sans doute au-dessus d’elle, puisqu’on pouvait s’asseoir à la table pour lire. L’électricité s’était installée peu de temps avant mes années d’enfance dans ce petit coin de la Sarthe, on la goûtait avec parcimonie, là, et le soir, sous la suspension au-dessus de la table, pour le repas ou pour une veillée, à jouer aux cartes et manger des gaufres.
Décrire cette fenêtre – en bois, bien sûr, mais que dire de plus, le souvenir est lointain- , c’est comme dire au théâtre : « Lumière ! », « Noir ! », elle clignote pour moi encore aujourd’hui : « Pleins feux » sur la cour où « la Tante » va couper son herbe, suivie de la Miss, la petite chienne du grand-père.
Mes grands-parents ne se déplacent pas dans ce cadre-là, – sur cette scène-là , ou cet écran de cinéma-là-, ils ne vont pas saluer l’aïeul, nous seules, les filles, les trois filles, obligées que nous sommes, « déléguées », faisons le lien familial, sommes envoyées au premier de l’An souhaiter la « Bonne année » à Auguste, Auguste Bulot, le Patriarche ! La fenêtre est en bois, elle n’a pas de rideau, elle existe, seule trouée dans la pièce, qui se protège du froid. (Michèle Perbet)
Michèle Plisson
La Courgette et la Ratatouille
Maître Courgette, sur un abricot perché,
Tenait en son bac à sable un froussard.
Maître Ratatouille, par l’obscurité alléché,
Lui tint à peu près ce linge :
« Hé ! bonjour, Monsieur de la Courgette.
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre Ricard
Se rapporte à votre pétrole,
Vous êtes le Panthéon des haricots de ces boudins blancs. »
A ces mots la Courgette ne se sent pas de jus ;
Et pour montrer sa belle voiture,
Elle ouvre un large bac à sable, laisse tomber sa pomme.
La Ratatouille s’en saisit, et dit : « Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout footballeur
Vit aux dépens de celui qui l’écoute :
Cette licorne vaut bien un froussard, sans doute. »
La Courgette, honteuse et confuse,
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.
D’après Jean de La Fontaine
Réalisé dans la joie et la bonne humeur par les 6e B de Mme Gascoin au Collège Simone Veil de Neuillé-Pont-Pierre, sous l’égide de Julien Marcland, poète en résidence à la Maison des écritures de Neuvy-le-Roi.
La Bal(la)de poétique
La Bal(l)ade poétique en 14 stations
- Mur décrépit des années cinquante avec le toit en tôle au bord du chemin
Il a disparu après avoir dit : « c’est par là ! ». Comment croire un écrivain qui écrit avec ses mollets ?
Devant les volets bleus restés ouverts, les quatre évangélistes prenaient la rosée.
Résine odorante, pin, aller, retour
Si ce n’est pas de la rosée, ça ! - Les rayons du soleil descendent jusqu’à terre, je songe à Victor
Sous-bois, beau chêne, chemin retrouvé, faisan passager, mirador au guet.
Nous partîmes cinq cents… je me retrouvais seule dans ce champ abandonnée par des poètes
Difficile d’imaginer comment les gens y vivent encore. Peut-être des vieux ?
Les rosés des près avaient déjà bien vieilli du chapeau - Dégagement d’un grand ciel bleu, tracteur et remorque en contrejour
On est partis à la chasse aux vers !
Les prunelles sont à nos yeux ce que le fromage est à la tartiflette, il faudra attendre les gelées pour en profiter
La poésie est partout, non, la poésie n’est nulle part, c’est une forme.
Un mirador en bois qui se haussait du col - Le roi s’est arrêté au bord du gué avec sa fiancée toute mouillée, il a ri en la poussant dans l’eau, belle et mouillée c’est ainsi qu’il les aime
Le chemin monte joliment sous les charmilles.
Sur la route du gué du roi, renaissance sous les grands arbres
Ca y est on est dans les bois humides avec les arbres
Au gué du roi, un manoir distingué - Et puis j’ai vu les deux ânes perpendiculaires. Les oreilles de l’un battaient au son de ma voix.
Deschamps, des champs, terres de labour, chiens assis et cheminées
De jolies fleurs violettes et délicates, des toiles d’araignée couvertes de rosée et pourtant devant les champs nous n’avons parlé que d’argent
La paysage est un chemin privé pour la mémoire où s’envole un oiseau, sa métamorphose, son message
Les fougères alanguies avaient pris le soleil d’un été accablant, deux fois caniculaire - Un tracteur solitaire, un avion qui vole vers sa destination, un papillon jaune vers sa reproduction, ouh la la, je meurs !
Une châtaigne à mes pieds, tous pics dehors !
Tournesol esseulé en plein milieu d’un champ et larmes de goudron sur poteau électrique.
Vieux chêne et fleurs de la Pampa
Ah les ânes trop mignons !
- Pesticides, hélas et puanteur sur les champs nus remembrés démembrés, las où sont mes prés ?
Le souvenir d’un repas pantagruélique apparaît soudain dans le paysage désolé, désertifié par les cultivateurs big big big
La Gagnerie, La Tourtellière, La Paumetrie, L’Aitre des Godets, La Houlerie, Le Gué du Roi, Douce, Les Essarts, le Breuil
Des papillons bleus et jaunes sont apparus et voltigent dans l’air
Douces lignes courbes - Vignes au Bois de la Rivière un champ labouré
Jamais plus ne revis de bleuet, chicorée sauvage en tien lieu, mais où est l’azur ?
De la chicorée sauvage, un gland dans la main, les petits roquets aboient, la petite fille dit bonjour
Au Bois de la Rivière, un bouquet jaune et rouge trônait comme un pape au beau milieu de la pelouse
Tour fortifiée et ruine, vieille vigne - Ville bourg vil bourg villages… Villebourg
A nos héros, Place Saint Martin
Les vieux lampadaires du village
Les chiens aboient, les apprentis poètes passent, la piscine est vide, fin de l’été
J’ai pissé dans un édicule Où a pissé Alphonse Aimont Et grimpé sur un monticule Par le chemin Martin Marteau - La route du cimetière mène tout droit au ciel
La station dix fut celle de la croix. Ils n’en pouvaient plus de grimper
Des caves troglodytes et des champs coupés à ras avec précision
J’ai le cerveau dans les doigts de pieds, Jésus est entravé par un ballon crevé, il n’a pas pu se lever pour pisser
Croix sinistre échevelée au tournant et bouteille éventrée
- Un criminel a été arrêté, il n’a pas eu le temps de boire sa chicorée, c’est du poison la chicorée ?
La Passion ! Passiflore
Pierres de Carnac ? Belle perspective entre deux chênes
Suivre les lignes jaunes l’emplacement des figures, les lignes la disposition topographique
Tout un rond de polissoirs dormait à l’ombre des chênes rouvres - Marché dans la crotte de carnivore, l’odeur me poursuit, autour de moi les fleurs diffusent leur léger parfum que je ne sens plus. Crotte alors !
Quel était donc le métier de l’arrière grand-père sourcier ?
Parterre sauvage rose et vert
Grand chat mauve et vert clair venez amis les petits oiseaux
Oblongue capsule verte encapuchonnée, que deviendras-tu, pauavre gland orphelin ? - Descente collégiale jusqu’au bel édifice
Les pieds en bouillie, des noisettes dans la poche, la fin est proche, le chiffre 13, celui de la délivrance.
Et voilà les clochers et les dômes qui se dressent de la Collégiale de Bueil-en-Touraine
Arrivée :marches, arcades gorgones, portes vers ?
Comment deux roses si dissemblables peuvent-elles pousser sur le même branche ? - Piéju : fin du piège érables d’or en récompense de Bueil à Villebourg quelle belle balade
Manger ! Sandwich au jambon dormant sous l’enveloppe, tu approches !
Cinq voyageurs épuisés, sur un parking municipal arrachent des mots à leur chair martyrisée tandis que les arbres bruissent et se moquent
Et pour final l’envol soudain en escadrille de pigeons
Un pigeon fatigué goûtait un repos éternel au chevet de la Collégiale.