Johary RAVALOSON
Auteur en Résidence à la Maison des écritures du 08 septembre au 08 décembre 2018
Avec le soutien de Ciclic, l’agence régionale du Centre pour le livre, l’image et la culture numérique
Chaque automne, La Maison des écritures accueille en résidence un auteur francophone. Cette année, l’association a choisi Johary RAVALOSON. Cet auteur viendra vivre pendant 3 mois au Presbytère de Neuvy-le-Roi où il travaillera sur son prochain roman. De plus, un nombre important de rencontres sera organisé sur le territoire et au-delà.
Connaître l’auteur :
Johary Ravaloson est né en 1965 à Antananarivo (Madagascar).
Après des études de droit à Paris, Johary Ravaloson travaille entre La Réunion, Madagascar et la France. Marié et père de 2 enfants, il vit actuellement à Caen (Normandie).
Il écrit des nouvelles et des romans. Il publie, également, des textes pour la jeunesse et fait la promotion de la littérature et l’art des îles de l’Océan Indien à travers la maison d’édition DODO Vole, fondée avec son épouse en 2006.
Il revendique l’autonomie de son travail littéraire et se veut écrivain dégagé.
Il a obtenu, entre autre, le Prix Ivoire de littérature africaine d’expression française à Abidjan en 2017, pour son roman « Vol à vif », ainsi que le Prix littérature générale du Salon International du livre insulaire d’Ouessant en 2016 pour le même roman.
Projet artistique commun entre l’auteur, Johary Ravaloson, et La Maison des écritures :
Le projet artistique s’articule autour de deux axes :
- La littérature africaine de l’Océan Indien
- L’édition jeunesse.
1) La littérature africaine de l’Océan Indien
L’écriture de Johary Ravaloson est très marquée par la confrontation entre les traditions malgaches et la modernité, comme en témoignent les ouvrages Vol à Vif, les Larmes d’Iétsé et Géotropiques. Lors de la soirée de l’inauguration de la résidence le samedi 8 septembre, l’auteur aura l’occasion de présenter son œuvre, ses thèmes et de répondre aux questions de l’auditoire et notamment du Comité de Lecture qui, depuis le mois de mars, travaille sur les textes de l’auteur invité. En deuxième partie de soirée, le spectacle « sept mille sept cent sept rizières » fera entendre la voix de la poétesse malgache Esther Nirina par l’interprétation de Jean-Luc Raharimanana, récitant, et la guitare de Josiane Rabemananjara, une des filles de la poétesse. Le spectacle est dans le droit fil des hainteny malgaches.
Les quinze derniers jours de la résidence, se déroulera en Indre-et-Loire le festival Plumes d’Afrique. Johary Ravaloson y participera, notamment le samedi 1er décembre pour une rencontre avec l’auteur comorien, Ali Zamir, et le dimanche 02 décembre à la Librairie temporaire du Festival.
Dans cette thématique océan Indien, l’auteur présentera également la revue Lettres de Lémurie qu’il dirige et dont le premier numéro vient de sortir lors du salon Etonnants Voyageurs à Saint-Malo.
La Revue Lettres de Lémurie propose des textes provenant d’auteurs du sud-ouest de l’océan Indien (Comores, Madagascar, Maurice, La Réunion) ou des textes de tous horizons concernant la Lémurie (Un continent mythique dépositaire d’un rêve d’une humanité lémurifique, c’est-à-dire à notre propre (dé)mesure et selon nos préjugés).
24 auteurs ont participé au numéro 1 : Arnaud Léonard – Naivo – Saindoune Ben Ali – Shenaz Patel – Jean-Louis Robert – Soamiely Andriamananjara – Ananda Devi – Touhfat Mouhtare – Emmanuel Genvrin – Johary Ravaloson – Monique Merabet – Amal Sewtohul – Adjmaël Halidi – Monique Séverin – Raharimanana – Mathieu Jung – Johana Rasoanindrainy – Soa Hélène – Ambass Ridjali – Douna Loup – Mialy Ravelomanana – Nassuf Djailani – Rija Al Jonah – Nicolas Gérodou.
Durant la résidence, Johary Ravaloson animera des ateliers d’écriture pour adultes autour de la « Nouvelle » sur un ensemble de quatre séances avec le même public pour aboutir à quelque chose de construit : les trois premières séances permettront l’écriture de trois nouvelles sur trois structures différentes ; la quatrième séance sera consacrée à l’amélioration d’une des nouvelles.
2) L’édition jeunesse
Johary Ravaloson codirige, avec Sophie Bazin, la maison d’édition DODO VOLE avec un pôle jeunesse, DODO Bonimenteur. En collaboration avec la bibliothèque municipale de Neuvy-le-Roi, nous proposerons une journée autour de la littérature jeunesse avec un atelier de contes illustrés, et une présentation des ouvrages de la collection Dodo Bonimenteur.
La journée de contes pourrait s’envisager avec Mary-des-Ailes (Sophie Bazin) qui anime des ateliers d’illustration et exerce souvent comme conteuse pour les éditions DODO Bonimenteur.
Quelques interventions en milieu scolaire sont prévues notamment au lycée Grammont, siège de l’association Touraine Madagascar où des classes sont déjà impliquées dans des échanges avec Madagascar.
Pour le public scolaire, l’auteur propose d’initier les élèves à la littérature malgache, notamment aux Hainteny et d’en composer avec eux un recueil, sur les traces de Jean Paulhan lequel a le premier ramené en France cette forme poétique traditionnelle des Hauts-Plateaux de Madagascar, il y a un siècle (Les Hainteny merina, éditions Paul Geuthner, Paris, 1913).
Le Hainteny, prononcé « haïntén’ », qu’on peut traduire par science ou caprice de la langue, est un poème généralement court constellé de métaphores exprimant les sentiments de l’auteur et voilé d’un grain de mystère ou d’humour pour évoquer la multiplicité des possibles.
C’est le plus souvent un discours amoureux ; une question ou une proposition avec une réplique. Voici un exemple sur le thème de la déclaration, recueilli par J. Paulhan :
Quelle est celle qui vient du sud ?
C’est la fille de Celui-qui-est-riche-en-bœufs-gras,
Celle-qui-s’abrite-sous-l’argent, Celle-qui-s’abrite-sous-le-corail.
Ses deux mains sont pleines d’oranges.
Si je demande, j’ai honte
Si je ne demande pas, j’ai des regrets.
Aura-t-on une aimée si l’on écoute la honte ?
En dehors du thème amoureux, l’auteur peut traiter de thèmes contemporains comme le discours politique, la liberté, le vivre-ensemble, la migration, l’environnement ou encore l’alcoolisme ou l’usage de la drogue. Voici un exemple du poète Jean-Joseph Rabearivelo (1903-1937) concernant la vie quotidienne (Hainteny, éditions Dodo vole, 2016) :
Dites aux parents de Celle qui n’est pas belle mais qui sait sourire
que leur fille séduit en secret les garçons venus travailler,
et dites-leur que le travail n’avance guère !
Les images utilisées peuvent évidemment changer selon le contexte. Le jeu avec les mots demeure, voile et dévoile les sentiments, s’ouvre sur une piste.
Elle est canon celle qui souvent arrive en retard !
Elle passe trop de temps aux toilettes
Elle ne cesse de parler à la cantine
Ne te prive pas d’en voir d’autres, elle s’apercevra peut-être de ton existence.
Le hainteny classique use souvent de proverbes. Avec les élèves, on peut s’attacher à détourner des slogans publicitaires. La poésie est partout. La gageure est de la mettre sous la pointe de son stylo. L’atelier permettra de comprendre son monde tout en s’ouvrant à l’ailleurs.
D’une manière ou d’une autre, cette brise soufflera sur le nouveau roman en cours d’écriture de Johary Ravaloson.
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