Ba(l)lade poétique avec Julien Marcland, auteur 2019 en résidence

Ecrit par le Lundi 14 octobre 2019
Catégorie(s) : actualités, La Maison des écritures

La Bal(l)ade poétique en 14 stations

  1. Mur décrépit des années cinquante avec le toit en tôle au bord du chemin
    Il a disparu après avoir dit : « c’est par là ! ». Comment croire un écrivain qui écrit avec ses mollets ?
    Devant les volets bleus restés ouverts, les quatre évangélistes prenaient la rosée.
    Résine odorante, pin, aller, retour
    Si ce n’est pas de la rosée, ça !
  2. Les rayons du soleil descendent jusqu’à terre, je songe à Victor
    Sous-bois, beau chêne, chemin retrouvé, faisan passager, mirador au guet.
    Nous partîmes cinq cents… je me retrouvais seule dans ce champ abandonnée par des poètes
    Difficile d’imaginer comment les gens y vivent encore. Peut-être des vieux ?
    Les rosés des près avaient déjà bien vieilli du chapeau
  3. Dégagement d’un grand ciel bleu, tracteur et remorque en contrejour
    On est partis à la chasse aux vers !
    Les prunelles sont à nos yeux ce que le fromage est à la tartiflette, il faudra attendre les gelées pour en profiter
    La poésie est partout, non, la poésie n’est nulle part, c’est une forme.
    Un mirador en bois qui se haussait du col
  4. Le roi s’est arrêté au bord du gué avec sa fiancée toute mouillée, il a ri en la poussant dans l’eau, belle et mouillée c’est ainsi qu’il les aime
    Le chemin monte joliment sous les charmilles.
    Sur la route du gué du roi, renaissance sous les grands arbres
    Ca y est on est dans les bois humides avec les arbres
    Au gué du roi, un manoir distingué
  5. Et puis j’ai vu les deux ânes perpendiculaires. Les oreilles de l’un battaient au son de ma voix.
    Deschamps, des champs, terres de labour, chiens assis et cheminées
    De jolies fleurs violettes et délicates, des toiles d’araignée couvertes de rosée et pourtant devant les champs nous n’avons parlé que d’argent
    La paysage est un chemin privé pour la mémoire où s’envole un oiseau, sa métamorphose, son message
    Les fougères alanguies avaient pris le soleil d’un été accablant, deux fois caniculaire
  6. Un tracteur solitaire, un avion qui vole vers sa destination, un papillon jaune vers sa reproduction, ouh la la, je meurs !
    Une châtaigne à mes pieds, tous pics dehors !
    Tournesol esseulé en plein milieu d’un champ et larmes de goudron sur poteau électrique.
    Vieux chêne et fleurs de la Pampa

Ah les ânes trop mignons !

  1. Pesticides, hélas et puanteur sur les champs nus remembrés démembrés, las où sont mes prés ?
    Le souvenir d’un repas pantagruélique apparaît soudain dans le paysage désolé, désertifié par les cultivateurs big big big
    La Gagnerie, La Tourtellière, La Paumetrie, L’Aitre des Godets, La Houlerie, Le Gué du Roi, Douce, Les Essarts, le Breuil
    Des papillons bleus et jaunes sont apparus et voltigent dans l’air
    Douces lignes courbes
  2. Vignes au Bois de la Rivière un champ labouré
    Jamais plus ne revis de bleuet, chicorée sauvage en tien lieu, mais où est l’azur ?
    De la chicorée sauvage, un gland dans la main, les petits roquets aboient, la petite fille dit bonjour
    Au Bois de la Rivière, un bouquet jaune et rouge trônait comme un pape au beau milieu de la pelouse
    Tour fortifiée et ruine, vieille vigne
  3. Ville bourg vil bourg villages… Villebourg
    A nos héros, Place Saint Martin
    Les vieux lampadaires du village
    Les chiens aboient, les apprentis poètes passent, la piscine est vide, fin de l’été
    J’ai pissé dans un édicule Où a pissé Alphonse Aimont Et grimpé sur un monticule Par le chemin Martin Marteau
  4. La route du cimetière mène tout droit au ciel
    La station dix fut celle de la croix. Ils n’en pouvaient plus de grimper
    Des caves troglodytes et des champs coupés à ras avec précision
    J’ai le cerveau dans les doigts de pieds, Jésus est entravé par un ballon crevé, il n’a pas pu se lever pour pisser
    Croix sinistre échevelée au tournant et bouteille éventrée

 

  1. Un criminel a été arrêté, il n’a pas eu le temps de boire sa chicorée, c’est du poison la chicorée ?
    La Passion ! Passiflore
    Pierres de Carnac ? Belle perspective entre deux chênes
    Suivre les lignes jaunes l’emplacement des figures, les lignes la disposition topographique
    Tout un rond de polissoirs dormait à l’ombre des chênes rouvres
  2. Marché dans la crotte de carnivore, l’odeur me poursuit, autour de moi les fleurs diffusent leur léger parfum que je ne sens plus. Crotte alors !
    Quel était donc le métier de l’arrière grand-père sourcier ?
    Parterre sauvage rose et vert
    Grand chat mauve et vert clair venez amis les petits oiseaux
    Oblongue capsule verte encapuchonnée, que deviendras-tu, pauavre gland orphelin ?
  3. Descente collégiale jusqu’au bel édifice
    Les pieds en bouillie, des noisettes dans la poche, la fin est proche, le chiffre 13, celui de la délivrance.
    Et voilà les clochers et la qui se dressent de la Collégiale de Bueil-en-Touraine
    Arrivée :marches, arcades gorgones, portes vers ?
    Comment deux roses si dissemblables peuvent-elles pousser sur le même branche ?
  4. Piéju : fin du piège érables d’or en récompense de Bueil à Villebourg quelle belle balade
    Manger ! Sandwich au jambon dormant sous l’enveloppe, tu approches !
    Cinq voyageurs épuisés, sur un parking municipal arrachent des mots à leur chair martyrisée tandis que les arbres bruissent et se moquent
    Et pour final l’envol soudain en escadrille de pigeons
    Un pigeon fatigué goûtait un repos éternel au chevet de la Collégiale.